C"est dit exprès et c"est pour rire

19 avril 2008

La cruche d'en face

Aujourd'hui je voudrais parler de ma voisine d'en face.
Bon cette fois-ci, si tu es une femme, tu seras prévenue: ce n'est pas pour toi, et si la curiosité t' amène à lire la suite, je te prierai d'assumer les conséquences de tes actes.



Allez mon pote, maintenant que le lave-vaisselle est en route, je vais creuser en profondeur sous les limites du dégoût ou nulle femme ne peut te rejoindre.

Il n'y a pas un seul matin où je me réveille et je ne pense pas à la cruche qui habite en face de chez moi. A vrai dire, je ne l'ai jamais vue, ni sortir de chez elle, ni à sa fenêtre, ni derrière, mais une chose est certaine, elle ne peut être qu'une femme, peut-être belle, mais certainement d'une intelligence comparable à la rouille attaquant un rateau gisant sur le sol d'un terrain en friche.

Je peux sans aucun doute me targuer d'être celui qui la connait le mieux alors que je n'ai jamais croisé son regard ni adressé la parole. Evidemment, je ne te connais que trop bien et tu mouilles simplement à l'idée de savoir pourquoi.

En parlant de mouille, je voulais partager avec toi cette petite anecdote croustillante qui t'intéressera. J'ai croisé une jeune femme à une pendaison de crémaillère il y a un peu plus d'un mois. Nous avons discuté longuement mais évidemment l'alcool a envenimé la chose dans la mesure où nous avons commencé à déconner ensemble. On s'amusait vicieusement à prendre des cacahuètes, à les jeter parterre et les écraser en mallaxant bien les miettes pour qu'elles s'encastrent bien entre les plaques du parquet, et nous étions tout euphoriques à l'idée d'imaginer le locataire à quatre pattes en train de retirer les miettes à l'aide d'un cure-dent. Et tu sais bien lecteur, que lorsque tu fais des choses aussi stupides avec une femme, c'est qu'il y a de la complicité dans l'air.
Bref je lui propose de la ramener tout bien tout honneur, et arrivé devant chez elle, nous discutons longuement. Ensuite, elle me propose de monter chez elle (toutes les mêmes), quand bien même je n'étais pas intéressé par cette idée.

Je refuse poliment.

A cet instant, si tu es attentif, tu peux voir pendant un centième de seconde de la déception dans ses yeux, mais comme chacun sait, l'esprit décalé d'une femme ne tarde pas à reprendre rapidement le dessus, et d'un coup, comme cela sans prévenir, elle me saute dessus et me dévore comme si j'étais un vulgaire gateau au chocolat. Elle me lèche partout, toute excitée à la vue d'un homme dont la motivation n'était pas celle de réduire sa petite pomme en compote.
Bref, moi, capturé par la mégère, je ne suis pas con et me suis un petit peu forcé à collaborer. Je réponds à ses attaques et profite de mes 10 années d'expérience en piano pour lui assener un long solo de doigté qui l'a tellement fait monter qu'il en a fallu peu pour qu'elle ne décapite le capot de la voiture.
Après quelques minutes nous nous arrêtons, et la jeune femme, têtue redemande si je veux monter, ayant bien évidemment déjà oublié qu'elle m'avait une première fois posé la question. A laquelle je réponds à nouveau non.
Sur cette réponse, celle-ci, résolue à abandonner, sort de la voiture, se lève, et bien entendu, comme toute femme respectable, toujours un mot de politesse avant de quitter la scène: "Va te faire"

Ce n'est que le lendemain que j'ai remarqué que cette horrible mégère m'a laissé en souvenir une belle grande flaque d'eau sur le siège passager, et depuis, je te le dis lecteur, je la hais.

Néanmoins, je prends la vie avec philosophie, et lorsqu'un passager montant dans la voiture remarque la présence de la tache, je réponds tout sincèrement la vérité:
"Ho ça... ce n'est qu'une veille tache de graisse..."

Bien évidemment, j'ai de la répartie, et je ne peux pas dire les choses trop sèchement, imagine-toi la sensation que le passager aurait eu si je lui disait qu'il s'assied sur de la mouille, mais cela, on peut en débattre longtemps. Toutefois, si toi lecteur, tu es l'un de ceux ayant eu l'honneur de t'assoir sur ce siège, tu m'en verras désolé. La vie est ainsi.

Fermons cette parenthèse et revenons à la cruche d'en face. Lorsque je suis arrivé dans mon appartement j'ai tout de suite su que j'avais affaire à une championne hors catégories. Déjà, elle a un énorme aquarium au milieu du salon, avec plein de poissons tropicaux, des coraux, des algues, bref tout un écosystème concentré, et je me dis qu'il faut vraiment, mais vraiment avoir plein de temps à perdre pour le gaspiller à cette activité totalement... bête.

Mais le plus notable reste les affiches qu'elle colle contre la fenêtre de son appartement pour la propagande de telle ou telle connerie aux résidents du quartier: la brocante annuelle, la lutte pour les droits de l'Homme, la faim dans le monde ou encore la défense de l'environnement.
J'en profite pour ajouter que, ne la connaissant pas, ce n'est pas à moi de lui expliquer que si on habite au quatrième étage d'un immeuble, il y a extrêmement peu de chance pour que ses affiches soient aperçues par quelqu'un.

Mais explique moi, lecteur, comment, bon dieu, mais comment quelqu'un peut être aussi stupide?

Bien entendu ses affiches ont le mérite de me faire chier moi. Tous les matins, je me réveille, et j'ouvre les rideaux, et je vois les affiches stupides de ma voisine collées à sa fenêtre. Et si je savais que j'en parlerais un jour, j'aurais pris des photos, maintenant je regrette profondément. Mais je tente toutefois de t 'en décrire une pour te donner l'idée.

Je me souviens de la première c'était une affiche contre la chasse aux phoques. Voilà bien une mobilisation de femme au foyer qui s'achète tous les ans un manteau de fourrure mais qui est outrée de voir le sang de ces pauvres innocentes bêtes traînées et éventrées sur la banquise.

Mais qui s'en soucie de la chasse aux phoques?
Premièrement, certes, les images que nous recevons sont violentes, mais bon, quand un animal est mort, et qu'on lui retire la peau avec attention, ça fait quelques taches par ci par là. Déjà que ces pauvres chasseurs se coltinent un travail dégradant pour nos bourges occidentales, on ne va pas leur demander de sortir la serpillère et le Monsieur Propre pour laisser la banquise comme avant. Non, un chasseur est écologique, et lorsqu'il éventre un animal, il ne laisse pas de produits chimiques, et laisse la nature se charger d'effacer les traces. C'est tout naturel, écologique, pollution zéro.

Ensuite ces animaux sont tués d'un coup sec avec une barre métallique dans la tête, radical, indolore, et surtout, n'abîme pas la fourrure. Alors, il faudrait expliquer à Madame, exercice pratique à l'appui si nécessaire, que si l'on s'enfonce un pieu métallique dans le crâne, on meurt et qu'après, si on est découpé en rondelle et vidé de notre sang, on n'a pas mal. Alors qu'elle ne ramène pas son gros cul avec ses histoires selon lesquelles on fait souffrir les animaux. Non, nous on est des hommes, on est sérieux, et on fait cela proprement en respectant la vie de chaque être vivant.

Alors que, vas-tu me dire très judicieusement, c'est loin d'être le cas lorsque notre femme s'approche de nous pour aborder nos problèmes d'incompréhension dans le couple. Tu vois les moments où elles se met à crier tellement fort, que ça te fait mal, rien qu'aux décibels qu'elle est capable d'émettre.

Deuxièmement, pourquoi se battre pour protéger phoques et ours polaires alors que ces derniers n'auront bientôt plus de milieu où vivre à cause justement de l'égoïsme primaire de millions de gens semblables à ma voisine d'en face? Désolé, j'ai autre chose à faire.

Mais là, depuis bientôt un an, c'est pire.

Tous les matins, lorsque j'ouvre les rideaux, mes yeux sont horripilés, conspués, paniqués, et lecteur, pour que tu partages un peu ma peine, je te prie de défiler quelque peu la page pour voir ce que c'est (c'est pour l'effet de surprise).




















Voilà:



Et la j'espère que tu te mets à ma place. Imagine te réveiller tous les matins depuis un an, en face de cette horreur.

NDLA aux Français: tout Belge sait que depuis les dernières élections, il y a eu une longue crise institutionnelle suite à des échecs répétés pour constituer un gouvernement. Par crainte de scission de la Belgique, et pour marquer leur unité, bon nombre de Belges exhibaient des drapeaux belges sur fenêtres et balcons.

Ce patriotisme euphorique de lombric me met hors de moi et ne suscite que le goût du vomi. Et les bloggeurs qui me lisent, vous êtes pas mieux avec vos petites banderoles "j'aime la Belgique", traduits en trois langues (pour faire croire que germanophones et flamands se soucient du triste sort qui attend les Wallons). Bon bref, tu aimes la Belgique, et je suppose que c'est normal, car autrement, tu aurais sans aucun doute déménagé dans un autre pays.

Côté flamand bien évidemment on ne vaut pas mieux, il n'y a qu'à voir les drapeaux avec le lion des Flandres, soigneusement distribués au public et ornant symétriquement, comme des bougeoirs, chaque ligne d'arrivée d'étape de Tour de France. De vraies artistes de la propagande, ces flamingands. Faut voir. Pourquoi garder les banderoles 50,100,200 mètres? Il n'y a qu'à compter les drapeaux flamands qui restent!

Cette crise belge a duré longtemps, environ 8 mois. Mais, depuis mars, nous avons un gouvernement, extrêmement curieux, nous sommes d'accord, mais il est là.
Depuis, tout le monde a rangé son drapeau, sauf ma voisine. Et voilà que le seul drapeau belge gisant fièrement à Bruxelles se trouve en face de chez moi, sous mes yeux.

Depuis un mois, c'est de plus en plus insupportable, je vis dans un cauchemar tel que je n'ose plus ouvrir les rideaux et que je vis dans le noir.

Mais ma peur se conjugue également à l'inquiétude, car je me demande souvent si ce drapeau qui reste inlassablement à la fenêtre ne signifierait pas que la pauvre femme est morte dans l'anonymat le plus total, et que personne n'a remarqué son absence.

C'est promis, demain je vais sonner chez elle, pour voir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

et alors tu es allé sonner....

Anonyme a dit…

Elle n'est pas la seule. J'ai décroché mon drapeau belge du balcon le week-end passé. Je l'avais oublié. Il n'était plus tricolore, mais uniformément pollué.